Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Xerxès

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Henri Plon (p. 706).
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Xerxès. Ayant cédé aux remontrances de son oncle Artaban, qui le dissuadait de porter la guerre en Grèce, il vit dans son sommeil un jeune homme d’une beauté extraordinaire qui lui dit : — Tu renonces donc au projet de faire la guerre aux Grecs, après avoir mis tes armées en campagne ?… Crois-moi, reprends au plus tôt cette expédition, ou tu seras dans peu aussi bas que tu te vois élevé aujourd’hui. Cette vision se répéta la nuit suivante. Le roi étonné envoya chercher Artaban, le fit revêtir de ses ornements royaux, en lui contant la double apparition qui l’inquiétait, et lui ordonna de se coucher dans son lit, pour éprouver s’il ne se laissait point abuser par l’illusion d’un songe. Artaban, quoiqu’il craignît d’offenser les dieux en les mettant ainsi à l’épreuve, fit ce que le roi voulut, et lorsqu’il fut endormi, le jeune homme, lui apparut et lui dit :

« J’ai déjà déclaré au roi ce qu’il doit craindre, s’il ne se hâte d’obéir à mes ordres ; cesse donc de t’opposer à ce qui est arrêté par les destins. » En même temps il sembla à Artaban que le fantôme voulait lui brûler les yeux avec un fer ardent. Il se jeta au bas du lit, raconta à Xerxès ce qu’il venait de voir et d’entendre et se rangea de son avis, bien persuadé que les dieux destinaient la victoire aux Perses ; mais les suites funestes de cette guerre démentirent les promesses du fantôme.